Analyse du marché du travail pour le quatrième trimestre 2022

Par rapport à la même période en 2021, l’emploi salarié a encore connu une reprise robuste au quatrième trimestre 2022.

Au quatrième trimestre 2022, la quasi-totalité des mesures corona ont été levées alors qu’'il y avait encore un léger impact au quatrième trimestre 2021 (trimestre de référence), en particulier à la fin de ce trimestre. Le nombre de personnes avec un emploi (travailleurs occupés) a fortement augmenté (+ 1,2%), mais le nombre d'emplois (postes de travail) (+1,6%) a augmenté de façon plus importante. L'augmentation plus vigoureuse du nombre de postes de travail résulte de la croissance particulièrement forte du nombre de flexi-jobs, des emplois généralement occupés par des personnes qui ont déjà un autre emploi.

Le volume de travail (exprimé en équivalents temps plein) a fortement repris (+2,2%) alors que le chômage temporaire « Corona » a totalement disparu.

Crise du coronavirus et marché du travail

La fermeture totale ou partielle de beaucoup d’entreprises s’exprime principalement de deux manières sur le marché du travail : l’augmentation du chômage temporaire et la cessation ou le non-renouvellement des contrats temporaires. Ces deux phénomènes sont visibles dans les chiffres mais de manière différente.

En cas de chômage temporaire, le lien entre le travailleur et l’employeur est maintenu mais, soit aucune prestation de travail n’est fournie  soit, seules des prestations partielles sont effectuées. Il en résulte une baisse directe du volume de travail en équivalents temps plein.

La cessation ou le non-renouvellement de contrats temporaires conduit, surtout dans les secteurs recourant à de nombreux contrats temporaires (secteur du travail intérimaire, horeca…), à une diminution immédiate du nombre de postes de travail. Etant donné que ces emplois très temporaires (tels que les flexi-jobs dans le secteur de l’horeca) sont souvent des emplois additionnels, la baisse du nombre de travailleurs occupés est moins prononcée. De même, la perte en volume de travail pour ces emplois est plutôt limitée.

Analyse sectorielle

Note méthodologique

Un ajustement méthodologique a été effectué en premier trimestre 2022 suite à un changement dans la déclaration ONSS. Suite à ce changement,  tous les mandataires locaux (bourgmestres, échevins, etc.) ont été inclus, même s'ils bénéficiaient déjà d'une protection sociale en vertu d'une autre qualité ou d'une autre activité professionnelle. De même, les pompiers et les ambulanciers volontaires ont également été inclus pour autant qu'ils bénéficient d'une indemnité minimale pour prestations non exceptionnelles. En conséquence, 5.500 postes de travails supplémentaires ont été ajoutés, le nombre de salariés occupés (personnes ayant un emploi) a augmenté d'environ 2.500 unités et le volume de travail supplémentaire  a progressé d'environ 3400 équivalents-temps-plein. Cet ajustement est concentré dans le secteur « Administration publique » et relève entièrement du « Secteur public – Administrations locales et provinciales ».

Agriculture, sylviculture et pêche

Dans l'agriculture et l'horticulture, l'emploi salarié concerne en grande partie du travail saisonnier sous forme de travail occasionnel. En raison d’un pic précoce de la saison de récolte dans le secteur des fruits (plus au troisième trimestre). Le nombre de postes de travail au 31 décembre 2022 était inférieur de 1,4% à celui de 2021. Le volume de travail au deuxième  trimestre était inférieur  de  4,9 % à celui du  quatrième trimestre 2021.

Industrie et construction

Les mesures corona imposées n'ont pas eu beaucoup d'impact direct sur l'industrie et la construction. L’évolution de secteurs tels que l’industrie et la construction est davantage déterminée par l’évolution de la demande et de l’offre de matières premières et de composants.

Au quatrième  trimestre 2022, tant le nombre de postes de travail (+1,0% par rapport à 2021) que le volume de travail (+1,6% par rapport à 2021) ont augmenté dans le secteur de l’industrie, l’énergie et la construction. L'impact de la crise énergétique et de la forte hausse des prix des matières premières sur l'emploi reste limité.

Dans la plupart des sous-secteurs, le volume de travail et le nombre de postes de travail ont augmenté par rapport au quatrième trimestre 2021. Les plus fortes croissances sont l'industrie pharmaceutique (+4,8% en postes de travail et +5,9% en volume de travail), l'industrie alimentaire (+1.9% en postes de travail et +2,9 en volume de travail), la « Fabrication de machines et d'équipements n.c.a.” (+2,8% en postes de travail et +3,7% en volume de travail). L'emploi dans le « Textile, habillement et cuir » est en baisse (-1,9 % en postes de travail et - 4,7 % en volume de travail).

Dans le secteur de la construction, tant le nombre d'emplois (+0,7%) que le volume de travail en équivalent temps plein (+1,3%) ont augmenté par rapport au quatrième trimestre 2021.

Secteurs des services

Dans les services commerciaux, beaucoup de secteurs étaient encore confrontés à des mesures corona restrictives au quatrième trimestre 2021. La totalité des restrictions ont été levées au quatrième trimestre 2022. L'évolution de l'emploi sur une base annuelle dans ces secteurs est donc en partie le résultat de la suppression progressive des mesures corona.

Globalement, le nombre de postes de travail ainsi que le volume de travail ont fortement augmenté (respectivement +2,3% et +2,9% par rapport à 2021). Dans quasiment tous les sous-secteurs, la tendance est positive. Seul le secteur financier continue de subir une baisse structurelle de l’emploi mais elle est de plus en plus limitée (-0,4%).

Par contre, la tendance est structurellement fortement positive pour le secteur de « l’information et la communication » (+4,6% en postes de travail, +5,8% en volume de travail) et celui des « professions libérales et activités scientifiques et techniques » (+5% en postes de travail, +6,3% en volume de travail).

La forte tendance positive du secteur « Services administratifs et de soutien » (y compris la reprise due à l'impact plus limité des mesures corona) s'est presque complètement interrompue, principalement en raison du recours plus limité à des travailleurs intérimaires) (+1,2% en postes de travail, +0,1% en volume de travail.

Dans le secteur de l’horeca, où de nombreux travailleurs ont des contrats courts, les mesures restrictives mènent rapidement à de fortes diminutions en termes de postes de travail. Ces emplois sont également rapidement pourvus lorsque les restrictions sont levées. Par rapport au quatrième trimestre 2021 (où  l’horeca a dû à nouveau faire face à plus de restrictions durant la fin du trimestre), le nombre de postes de travail a fortement augmenté (11%) ainsi que le volume de travail (+12,3%). L'emploi dans l’horeca en termes de volume de travail est dès lors légèrement supérieur au niveau de 2019.

Dans les services non-commerciaux, l’impact de la crise corona sur l’emploi a été relativement limité. Au quatrième trimestre 2022, on relève une augmentation du nombre de postes de travail de +0,8% par rapport à 2021 et du volume de travail  de +1,4% par rapport à 2021 (chiffres revisités dans le cadre d’un ajustement méthodologique). La hausse concerne plus spécifiquement les soins de santé et les services sociaux (+1,2% en postes de travail, +2,4% en volume de travail par rapport à 2021). Pour le secteur « arts, spectacles et loisirs, sports, on observe un fort rebond par rapport au quatrième trimestre 2021, qui faisait encore l'objet d'un certain nombre de mesures restrictives en lien avec la crise corona (+4% en emplois, +7% en volume de travail)..

Travail intérimaire

La demande de main-d’œuvre par le biais du travail intérimaire est en baisse. À la fin du mois de décembre 2022, on dénombrait le même nombre de postes de travail dans l'intérim qu'en fin septembre 2021 (-1% pour les ouvriers, +2% pour les employés). Le volume de travail en équivalent temps plein a aussi diminué par rapport au quatrième trimestre 2021 (-6% dont -7,4% pour les ouvriers et -4,5% pour les employés).

Privé versus public

L’augmentation du nombre de postes de travail a eu lieu tant dans le secteur privé (+1,9% par rapport à 2021) que dans le secteur public (+0,2% par rapport à 2021, corrigé de l’adaptation méthodologique).

L’augmentation du volume de travail s’est principalement produite dans le secteur privé (+2.7% par rapport à 2021). Dans le secteur public, l’augmentation du volume de travail est plus limitée (+0,4% par rapport à 2021, corrigé pour l’adaptation méthodologique).

Profil des travailleurs 

L'augmentation du nombre d'emplois a été la même pour les hommes et les femmes (1,6%). L'augmentation du volume de travail a en revanche été un peu plus forte pour les femmes que pour les hommes (+1,8% pour les hommes et +2,7% pour les femmes).

L’augmentation du nombre d’emplois reste la plus forte pour les tranches d’âge les plus jeunes et les plus âgées (+4,2% chez les moins de 25 ans, +16,7% chez les plus de 65 ans). L'augmentation chez ce groupe d'âge le plus élevé est principalement due à l'augmentation des flexijobs. De même, la reprise du volume de travail a été plus forte chez les groupes d’âge les plus jeunes et les plus âgés (+3,7% chez les jeunes de moins de 25 ans, +20% chez les 65 ans et plus). (Note : pour les tranches d'âge les plus jeunes: le volume du travail étudiant a augmenté de 6% en 2022 ).

L'augmentation du nombre de postes de travail a été la plus forte parmi les habitants de la région bruxelloise (+3 1%, contre +1,7% pour la région flamande et 0,9% pour la région wallonne) et la reprise du volume de travail a aussi été la plus forte chez les résidents de la région bruxelloise (+4,8%, contre environ +2,2% dans la région flamande et +1,5% dans la région wallonne).

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